Suzanne Doppelt
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l'oreille est une feuille de chou et tout ce qui la frappe rompt le silence, de la nature si grand, des forêts effrayant et de la nuit doux, Silence. Les arbres. L'ombre. Clairière. Silence, celui des aubépines aussi et des étoiles fixes, la frappe et la met en mouvement et c'est alors le début de mille changements, un chemin sonore où l'œil rivalise avec l'oreille. Des bruits si variés qu'on doit débrouiller et beaucoup de choses qu'il faut déchiffrer une à une comme une statue par exemple tombée du ciel sans un son ou trouvée dans un buisson, un mort vivant les yeux vides, la bouche cousue et sans expression mais qui va à pas comptés d'un point à l'autre, une expérience muette et sans lendemain. Car quoi de plus incomplet que le silence, il n'y en a ni entre les bruits ni là où l'on croit, rien de plus trompeur qu'une évidence, une belle illusion acoustique où on entend des voix, celle du milieu qui impose sa loi, celle de la raison, blanche ou des airs, le soir tombait, un caillou, un hanneton, une mouche, la terre