Suzanne Doppelt
S'il va dehors même le chien peut rencontrer le bâton, simple et double, à usage changeant pour regarder le monde, c'est un jouet ou bien une fibre optique. La nature en est un, magique et pétrifié, une branche taillée, finie, une antenne en bois et en Y qui tourne puis file vers le haut et vers le bas quand elle est tout près de l'eau. Et si on l'y plonge droit au-dessus en dessous, et courbé la raison le redresse, on voit à l'intérieur du super flux et du
reflux, un joli tourbillon qui se forme autour, un agencement propre à rendre la mesure de toutes choses, une drôle d'expérience. Analogue à celle de la fourmi qui le prend pour un chemin de campagne, à celle du phasme qui en devient un, un bâton ou alors une sacrée brindille, et tombe dans un sommeil profond, il fait le mort les yeux éteints, fixes et tournés pareils à ceux d'une statue, s'allume une petite lumière au milieu de sa chambre aveugle. Il cherche une chose et en rencontre une autre, on ne peut se réveiller avant que les yeux soient de retour ou d'avoir un bâton au bout des doigts, un tube à vide, et le bonhomme allumette danse un ballet aux effets stupéfiants en courant continu et chante inarticulé le grand poème des ligaments et des jointures. Il suit les traits de l'ombre qui dessinent une figure sur le mur comme sur le tableau noir, il est le scribe de la nature, magique et pétrifiée, qui trempe sa plume ici et là, dans la peinture, la cire et dans la pâte à modeler, un vrai jouet, une super fibre optique