Suzanne Doppelt
Lazy-Suzie, 2009
book
80 pages
Voir suppose une petite fissure et commencer à peindre exige de percer un trou, un seul suffit pour faire une passoire, à travers on regarde l'histoire, le monde ou son...
Voir suppose une petite fissure et commencer à peindre exige de percer un trou, un seul suffit pour faire une passoire, à travers on regarde l'histoire, le monde ou son reflet, son écran est une vitre sans tain, le tableau est une fenêtre qui s'ouvre comme une orange. Ronde, carrée, une pyramide ou même en feuille de trèfle dans les jardins de l'empereur de chine ou ailleurs, elle doit donner le jour, faire entrer l'air, le vent, les odeurs mais pas trop, le soleil et bien cadrer le regard, voir c'est toujours voir par un trou de lumière. Le tableau est une fenêtre qui en contient une autre, son motif extérieur, grande ouverte sur le paysage, un fragment de nature, les sapins et les pins, des enroulements, plusieurs verts, la rivière qui chante, le pont et les ondulations du sol, une ligne d'horizon et le bon point de fuite, c'est joli d'avoir tant de verdure dans la fenêtre de ma chambre. Avec vue tournante, un vertige panoramique qui n'en finit plus et aussi de regarder le ciel et la rue de bas en haut chaque passant, des chapeaux et des manteaux - un spectre en bandes continues, on le reconnaît à sa façon de marcher, immobile bien retiré dans l'ombre, elle remplace la promenade, le théâtre et tout le reste. Tracer un cadre c'est ouvrir une fenêtre, 3 pieds de large sur 5 de haut vers le froid, un écran brillant dans un mur de verre et s'y pencher pour mieux voir les reflets du monde, points de vue et images, de face translucide, de trois quarts avec et sans contours, strictement de biais offre une forme distincte, un roman colossal. Mais que vois-tu donc ? Un large cercle 180° au soleil, une toile de fond au système rayonnant avec des pierres et de la poussière, un jeune et un vieil homme, ça reflue lentement magnétique, une prise, une seule de face et strictement de biais, stupeur c'est drôle comme les choses arrivent et les formes que ça prend. Le temps était venteux et l'air nerveux vibrait parfois d'une manière souvent d'une autre, le moindre insecte était visible dans le ciel mais pour tourner la caméra était plantée dans une sphère.....