Lecture : Federico Nicolao

2 June 2016 

En écho à l'exposition « Quelques manuscrits trouvés dans une cervelle... », présentant à la galerie Martine Aboucaya des oeuvres de John Baldessari, Christian Boltanski, Marcel Broodthaers, Philippe Cazal, Claude Closky, Angela Detanico / Rafael Lain, Peter Downsbrough, Hans-Peter Feldmann, Joseph Grigely, Joséphine Kaeppelin, Thierry Kuntzel, Claire Morel, Bernard Ollier, Jacques Roubaud, Fabrice Samyn, Vittorio Santoro, Michael Snow et Elsa Werth,

Federico Nicolao analyse la correspondance privée entre deux figures majeures de la philosophie et de la littérature française, ayant discuté toute leur vie de la proximité complexe et nécessaire entre poésie et prose qui avait hanté aussi Paul Valéry.

 

Federico Nicolao (1970, Gênes)
Professeur de théorie des images et d'esthétique à l'École Nationale Supérieure des Arts de Paris Cergy et de Théorie et pratique de l'art contemporain à l'ECAL de Lausanne. Ancien pensionnaire de l'Académie de France à Rome, traducteur de plusieurs poètes et écrivains français en italien, il a fondé et dirige la revue « Chorus una costellazione » et il est l'auteur de nombreux essais sur les arts et la littérature. Il travaille actuellement à un projet de livre sur Henri Matisse et les papiers découpés.

 

« Dans les livres il n'y a pas de médiation possible devant l'expérience de l'écriture, dans la correspondance il en va autrement. Le fait même, parfois, d'être réduits au silence est reconnu et cette reconnaissance - la découverte d'une sorte de béance commune - permet d'identifier l'abîme auquel chacun s'affronte. C'est par un tel partage que l'écriture se réinsère dans la réalité quotidienne de laquelle elle est pourtant parfois séparée.

 

Comme en s'excusant de parler de soi, Philippe Lacoue-Labarthe et Roger Laporte, deux amis, construisent leur dialogue sur la coexistence de leurs voix. Le temps ne se consomme pas, le sen- sible et l'intelligible se mêlent, ce que de la littérature on voit au fur et à mesure énoncé, disséqué, analysé n'est presque ja- mais hypostasié, ni sacralisé, mais inscrit, avec la plus grande rigu- eur, comme dans leurs écritures, en filigrane dans le réel. Chez l'un,Lacoue-Labarthe, directement dans les événements banals de tous les jours, dans le quotidien. Chez l'autre, Laporte, dans ce qu'il appelle bio- graphie, une vie de l'écriture à laquelle il consacre toute son existence.»

Federico Nicolao